9 - "Une question de confiance" (partie 2)

Londres, avril 1892 

Cher journal,

J'ai enfin trouvé le courage de suivre Jack quand il a quitté le travail! Mais il ne s'est rien passé.
Il s'est contenté d'errer de bar en bar, pendant plusieurs heures. J'étais bien décidée à le suivre jusqu'à ce qu'il rentre chez lui (après tout, je tremblais déjà de froid et de peur, je ne voulais pas avoir fait tout ça pour rien) mais Sir Malcolm m'est tombé dessus!


Arrivé sans bruit derrière moi, il a abattu sa main sur mon épaule. J'ai cru mourir de peur!
Il a exigé de savoir ce que je faisais seule à une heure pareille dans un endroit aussi mal famé.
Maintenant que j'y repense: qu'y faisait-il, lui?


Sur le coup, je n'ai pas su quoi inventer... Je lui ai dit la vérité. Je lui ai expliqué mes soupçons concernant Jack, tout ce que j'avais remarqué d'étrange chez lui.  Je croyais que Sir Malcolm allait me rire au nez mais il m'a simplement répondu "je m'en charge. Vous, vous rentrez vous mettre en sécurité chez vous". J'ai essayé de protester mais il m'a faite monter dans le fiacre qu'il venait de héler.



Alors que le véhicule démarrait, j'ai aperçu au coin de la rue une silhouette qui m'a parue familière sans savoir pourquoi. Je m'inquiétais pour Sir Malcolm alors je n'y ai pas prêté attention tout de suite. Mais une fois chez moi, je me suis souvenue: cet homme au coin de la rue avait la même allure que celui qui m'avait sauvée en décembre!


Je n'en revenais pas! J'aurais voulu retourner là où je l'avais aperçu pour essayer de lui parler, de savoir si c'était bien lui qui m'avait sauvée et le remercier. Mais les dernières paroles de Sir Malcolm me sont revenues: "ne sortez de chez vous sous aucun prétexte! Vous pourriez courrir un grave danger si vous ne m'obéissez pas". Je n'avais aucune raison de faire ce qu'il voulait mais son regard s'imposait sans cesse à moi lorsque je voulais sortir. C'était une impression si étrange et désagréable que j'ai fini par laisser tomber. De toute façon, mon bienfaiteur serait probablement déjà parti.



J'ai fini par me coucher. Etrangement, j'étais calme et confiante. Sans savoir pourquoi, j'étais certaine que Sir Malcolm tiendrait sa parole et qu'il empêcherait Jack de nuire. Pour la première fois depuis presque un an, j'ai dormi paisiblement.
A toi je peux bien l'avouer cher journal: j'ai rêvé de cet inconnu. Il me prenait dans ses bras et m'embrassait. Rien à voir avec la bestialité de Jack! C'était un baiser tendre et rempli d'amour. Je ne voyais pas son visage et pourtant je savais que je ne voulais pas quitter son étreinte. J'avais la certitude que j'étais en sécurité. Lorsque mes bras se sont refermés autour de sa taille, je me suis réveillée, les joues rougies par l'audace de ce rêve.


Le lendemain, Jack n'est pas venu travailler. Ni aucun autre jour depuis lors. C'est peut-être horrible mais je suis soulagée de ne plus le voir. L'ambiance s'est grandement améliorée au travail: personne ne regrette ses accès de violence ni ses cris de rage.
Je m'attendais à voir Sir Malcolm mais il ne s'est pas présenté. J'ai juste reçu un mot de sa main: "Jack était bien celui que vous croyiez. Tout est maintenant sous contrôle. Ne prenez plus jamais de risques aussi inconsidérés. En cas d'urgence, vous pouvez vous adresser à mon domicile: il y aura toujours quelqu'un pour vous aider." Son adresse était notée au bas du papier de qualité.



Je n'en revenais pas: Sir Malcolm confirmait mes craintes et m'assurait que "tout était sous contrôle". Qu'est-ce qu'il entendait par là? Devais-je me rendre chez lui pour obtenir des explications? Son mot disait "en cas d'urgence", ce qui n'est pas le cas. Je préfère donc éviter d'aller chez lui inutilement. Et puis les meurtres ont cessé, c'est tout ce qui importe. Mais je conserve précieusement ce mot, on ne sait jamais.


Quelques jours plus tard, Gaston a reçu sa première commande officielle de la part de Sir Malcolm. Il était si fier que son travail soit reconnu! Mais son commanditaire ne s'est plus montré. Je n'ai pas ressenti le soulagement auquel je m'attendais. Je crois que j'avais fini par m'habituer à la présence de cet homme étrange auprès de moi.


Maintenant je dors beaucoup mieux, je ne vais plus dormir entre les accessoires de décors. Mais je veille à bien fermer mes tentures chaque soir pour plus de tranquillité. J'espère secrètement rêver à nouveau de cet inconnu. C'était si merveilleux d'être en sécurité, sereine et heureuse...

Commentaires

  1. La suiteeeeeeeeeee !
    J'aime toujours autant ta présentation et ta façon d'écrire !
    Les photos sont toujours aussi belle =)
    J'espère qu'on pourras vite voir cet inconnu ^^

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  2. wow les textes sont beaux et les photos aussi. j'aime bien le décors
    faudrait peut être étofer sa chambre maintenant non ?^^

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