10 - "Gourmandise"

Londres, mai 1892


Cher journal,

La série de photos sur le thème de l'ondine a eu beaucoup de succès apparemment. Plus que je ne l'aurais imaginé. Il parait même que certains clichés sont affichés chez de riches amateurs d'art qui trouvent en eux "une fraicheur nouvelle". Je ne sais pas ce qu'ils entendent par là... et je ne m'en soucie guère.


 Je rentrais chez moi quand un homme s'est approché de moi: "vous êtes l'ondine, c'est bien ça?". Tout d'abord je n'ai pas compris ce qu'il me voulait, il faut dire que je ne sais pas ce qu'il advient des photos une fois qu'elles sont développées.


Il m'a prise par le bras et m'a entrainée vers les beaux quartiers. Tout le long du chemin, il ne cessait de répéter qu'il était absolument ravi de me voir, qu'il était un admirateur, que dès les premiers clichés il avait vu en moi une personne exceptionnelle... Il parlait tellement que la tête m'en tournait.


 J'essayais de lui demander ce qu'il me voulait mais mes interruptions étaient emportées dans un flot ininterrompu. Après de longues minutes, je suis parvenue à me dégager. L'inconnu a tenté de prendre ma main mais je lui ai dit que je ne ferais pas un pas de plus tant qu'il ne m'aurait pas expliqué ce qu'il me voulait.


Il n'a pas répondu à ma question et s'est contenté de me proposer une pâtisserie. Les effluves qui émanaient de la boutique devant laquelle nous étions arrêtés me mettait l'eau à la bouche. Je voyais les tartes appétissantes, les brioches dorées, les fruits confits... J'hésitais à accepter sa proposition quand il a été bousculé par un ouvrier, chargé d'un énorme sac de farine qui gâchait sa visibilité.


Et cet ouvrier, cher journal, n'était autre que Jack! Il m'a fallu une fraction de seconde pour le reconnaitre. Je m'attendais à le voir insulter l'homme, l'accusant d'encombrer le passage mais il s'est poliment excusé! Je n'en revenais pas.


Quand ses yeux ont croisés les miens, il n'a pas semblé me reconnaitre. J'ai balbutié "Jack?" mais il m'a répondu "vous devez faire erreur mademoiselle, je m'appelle Henry".
Et il est reparti comme s'il ne m'avait jamais croisée. 




Je ne sais pas quoi en penser. J'aurais bien demandé quelques éclaircissement à Sir Malcolm mais voilà un mois qu'il ne s'est pas montré.
Personne ne semble avoir de ses nouvelles. Certains photographes s'inquiètent d'après ce que j'ai entendu: sans les fonds qu'il apporte, nous risquons de nous retrouver à la rue.


Je n'ai raconté à personne ce qui s'était passé ni avoué que je connaissais son adresse. Tant que nous ne manquons pas d'argent, je n'ose pas me rendre à son domicile. Qui sait se qui pourrait m'arriver? Jack semblait en pleine forme, bien nourri et son agressivité semblait envolée. Mais par quoi est-il passé pour en arriver là?


Mais si l'argent vient à manquer, je me suis jurée d'aller le trouver dans sa tanière pour solliciter son aide.

Commentaires

  1. wahou ! superbe ^^ ça donne faim et tout ce rose c'est trop beau !

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  2. La suiteeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee !!! bah oui il n'y a que ça à dire xD

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